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Au fait, c'est quoi la permaculture? 

La permaculture fait partie des nouvelles manières de pratiquer l'agriculture. C’est un outil qui est profondément actuel car c’est un outil de transition. Or, nous vivons dans un monde en transition, comme en témoignent les nombreuses énergies qui bouillonnent, tant dans les domaines de l’agriculture, que de l’écologie, de la culture et de l’économie.                                    

 

C’est un outil pertinent en agriculture car il ne propose pas de solution « miracle », mais plutôt de jeter un regard innovant sur la situation actuelle, et d’entamer un réagencement plus productif, plus proche du vivant (bio-mimétisme), plus holistique et plus dynamique – bref, plus intelligent - des systèmes de production comme les fermes, plantations, champs, exploitations de maraichage, etc.

 

Son contexte, son terreau.

 

Si l'on retrace, en croquis, l'évolution des techniques agricoles, on remarque que les grandes guerres, surtout la seconde, sont un tournant capital dans l'histoire de l'agriculture: avant 1940, la majorité des lieux de productions tendaient vers l'autosuffisance et étaient caractérisées par la diversité des produits (quelques têtes de bétail, du bois, du miel, du lait, des légumes de conservation, de l'exportation de fumier, etc).                                                                                                                                      

L'industrie de guerre nous a laissé avec des usines capables de produire à très grande échelle des ersatz chimiques pouvant remplacer les éléments présents naturellement dans le sol, qui sont nécessaires à la croissance et à la santé des plantes. Voici, tonitruante, la révolution verte qui pointe son nez : la production de masse des fameux engrais NPK (azote/phosphore/potassium) débarquent, ainsi que des fongicides et insecticides (comme le fameux DTT, interdit dans le courant des années septante, selon les pays, et dont on retrouve encore des traces dans les analyses de sols). Petit à petit, ce que l'on appelle aujourd'hui l' « agriculture conventionnelle » naît: si on résume son principe, il s'agit d'une stérilisation des sols, afin d'avoir un contrôle maximal sur les doses NPK et autres que vont recevoir les plantes mises en culture. Le prototype de cette agriculture est, dans l'imaginaire collectif, le champ de maïs, pulvérisé au tracteur, qui tasse dramatiquement les sols.

 

En parallèle à ces techniques sont nées d'autres manières de cultiver: elles sont diverses, mais reprennent à peu près les mêmes lignes directrices. Deux des plus connues en la matière sont la permaculture et l'agro-écologie. L’agro-écologie est le terme utilisé par l'agriculteur et philosophe franco-algérien bien connu, Pierre Rabhi et la "permaculture" est rattachée à des personnalités internationales (Bill Molisson (AU), David Holmgren (AU), Fukuoka (JAP), etc).    

              

Sa définition, ses défis.                                                                                                                    

Voici la définition qu'en donnent deux grands pionniers: "La permaculture est la conception consciente de paysages qui se calque sur les modèles et les relations observés dans la nature, visant à stimuler l'activité biologique des sols pour les entretenir et obtenir une production abondante de nourriture et d’énergie pour satisfaire les besoins locaux. Les gens, leur habitat et la façon dont ils s'organisent, sont au centre de la permaculture." (L'essence de la permaculture, tiré de Permaculture Principles & Pathways Beyond Sustainability, David Holmgren).      

Si l’on décortique cette définition, on remarque que la permaculture répond donc à plusieurs besoins, et fait écho à des problématiques clé du monde actuel :

  • Conception consciente de paysages : il ne s’agit plus de produire exclusivement dans des champs aseptisés, mais bien d’aborder un terrain dans son ensemble, avec tout sa diversité et ses contraintes. L’homme ne cherche pas à modifier le terrain selon un modèle donné de production, mais il observe son environnement, et s’y adapte pour produire de façon optimale. Ceci permet de revenir à une diversité de modèles de production, qui peuvent se faire à plusieurs échelles, selon les besoins de chacun (consommation propre ou commerciale).

  • Entretenir les sols : La pollution et l’appauvrissement nutritif des sols est un enjeu majeur. Les techniques agricoles dites conventionnelles ont permis de produire massivement, au prix de cet appauvrissement des sols, et donc d’une réduction de la surface agricole alors que la démographie mondiale galope et accroit la demande des produits agricoles et alimentaires sur les marchés. La permaculture est un outil qui permet de régénérer les sols, les « soigner » en soit, afin de retrouver des cultures productives qui soient nutritives, et qui régénèrent les écosystèmes présents dans la nature, nécessaires non seulement à la santé des sols, mais également à celle de l’humain.

  • Obtenir une production abondante de nourriture et d’énergie : Bien sur, si l’on parle de production alternative à l’agriculture dite conventionnelle, beaucoup objecteront que les rendements sont largement moindres. Voilà le discours de cyniques mal informés, car l’agriculture biologique permet des rendements supérieurs au long terme, tout en préservant une qualité nutritive franchement plus saine. Par ailleurs, la permaculture va au-delà de la production agro-alimentaire, et propose également des outils pour la génération, l’entretien et l’économie de sources d’énergie. La production de ressources est multiple car le système de production est holistique.

  • Satisfaire les besoins locaux : La permaculture nous pose de sérieuses questions sur les bases de notre système socio-économique : nous prenons pour acquis que les produits agricoles sont produits pour des marchés mondiaux, passent par de nombreux flux d’imports/exports, et sont sujet à la spéculation financière. Le travail permacole défie ce modèle, et ramène la production maraîchère et agricole à une échelle plus humaine de production et consommation. Pas besoin d’importer des pommes des quatre coins du monde quand on en produit dans son jardin ! Reste tout de même à savoir si la permaculture peut en effet s’avérer un outil efficace pour répondre à la demande mondiale de denrées agricoles, alimentaires et énergétiques, au delà du domaine local. 

 

A quoi ca ressemble, en pratique ?

 

L'exemple classique qui répond au champ de maïs cité plus haut est ce qu'on appelle une association des « trois sœurs »: au pied de chaque maïs est planté un haricot, qui utilisera la tige du maïs comme tuteur, et, comme couvre sol sont installées des courges. Mais pourquoi?

  • Gain d'espace car chaque plante puise des éléments différents à des profondeurs diverses et n'entrent donc pas en compétition,

  • Le haricot est une fabacée, c’est-à-dire qu'autour de ses racines se trouvent des nodules qui fixent l'azote de l’air dans le sol, élément dont les courges et maïs sont friands,

  • les courges forment un couvre-sol, ce qui garantit une humidité quasi constante au pied des maïs.

Qu'on ne s'y méprenne, il ne s'agit en aucun cas de "retourner" à des techniques ancestrales, mais bien d'utiliser les connaissances (techniques, physiques, biologiques) et les expériences des agriculteurs pour réintégrer les cycles naturels (eau, carbone, azote) aux plans de culture. On pourrait résumer tout ceci en disant que de telles techniques travaillent « avec » la nature, plutôt que « contre » voire « sans » elle, tout en préservant et enrichissant le milieu de culture.

 

Un système comme celui des "trois sœurs" nécessite une récolte à la main, un doigté expert en ce qui concerne la mise en culture...mais ce ne sont pas les seules choses qu’il apporte : il oblige également à repenser la taille des exploitations, leur résilience et le réseau autour des fermes, bref, il mène à ré-imaginer (collectivement) le travail agricole et la place de l’agriculture dans la société !

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